El Marto, l’artiste qui façonne l’Afrique à travers le street art

Article : El Marto, l’artiste qui façonne l’Afrique à travers le street art
Crédit: Crédit : El Marto, avec son autorisation
18 septembre 2024

El Marto, l’artiste qui façonne l’Afrique à travers le street art

Dans l’univers artistique africain, le nom de Grégory Dabilougou, alias El Marto, résonne comme une force unique et audacieuse. Ce Burkinabè, aujourd’hui largement reconnu pour ses fresques monumentales et ses créations graphiques, a su marier les traditions africaines avec des influences modernes.

Les origines d’un pseudonyme évocateur

El Marto, un nom qui interpelle. Pourquoi ce pseudonyme ? L’artiste explique qu’il est né à l’époque où il pratiquait le graffiti en France. « J’avais besoin d’un « blaze » », raconte-t-il. Au début, il choisit Marto, pour son impact fort, mais aussi pour le clin d’œil à l’excentricité des artistes. « Nous sommes tous un peu marteaux pour faire ce qu’on fait ! » dit-il avec un sourire. Ce nom évolue ensuite en El Marto, en hommage à El Paso, une ville évoquant le métissage et la fusion des cultures, un thème cher à cet artiste.

Depuis une dizaine d’années, El Marto vit de son art, une aventure qui a commencé avec la pluie, dit-il, marquant ainsi son engagement profond et son parcours riche d’expériences.

L’Afrique, muse et toile de fond

Son travail est intrinsèquement lié à l’Afrique, source inépuisable d’inspiration. Des motifs d’influence burkinabè, avec lesquels il débute sa carrière, jusqu’aux autres cultures africaines qu’il rencontre lors de ses voyages, El Marto tisse des ponts entre les traditions et ses fresques contemporaines. L’Afrique n’est pas seulement un motif dans ses œuvres, elle est la toile de fond de toute sa création.

Surmonter les défis de la création artistique

L’un des défis les plus grands, selon lui, est de représenter fidèlement cette diversité culturelle. « Le défi occupe une place principale dans ma pratique », confie-t-il. Des fresques de 5 mètres réalisées sur des échafaudages instables jusqu’au défi de vivre de son art, El Marto est habitué à repousser ses limites, et surtout, à trouver son équilibre grâce à l’entourage bienveillant du Burkina Faso, qu’il appelle affectueusement son « épaule ».

Pourtant, dans ce travail d’équilibriste, il ne cherche pas à rester fidèle aux codes traditionnels de l’esthétique africaine. « Cette esthétique serait forcément présente de manière inconsciente dans mes créations », explique-t-il, car elle fait partie intégrante de son identité. Ses créations naissent plutôt de ses rencontres et des cultures qu’il découvre. Son africanité est omniprésente, sans être enfermée dans un cadre rigide.

El Marto raconte notamment un souvenir marquant de son parcours : la réalisation d’une fresque géante au cœur de la Médina de Meknès au Maroc. Alors qu’il travaillait, un enfant de 14 ans lui a apporté un plat de couscous fait maison. Ce geste simple et chaleureux, ancré dans l’hospitalité africaine, symbolise pour lui la force des liens humains dans son travail. C’est cette humanité qu’il cherche à transmettre à travers ses œuvres. « Aujourd’hui, je veux transmettre de l’amour, de la positivité, et mettre en lumière ce continent incroyable », dit-il avec conviction.

Dans son processus créatif, El Marto utilise des techniques simples : pinceaux, rouleaux, peinture acrylique pour les fresques murales et tablette graphique pour ses œuvres numériques. Il ne recherche pas l’innovation technique à tout prix, préférant s’adapter aux moyens disponibles. « Ce qui fait mon originalité, c’est d’utiliser les moyens du bord », avoue-t-il.

Sa récente exploration de l’aquarelle illustre cette envie constante de se réinventer. « L’aquarelle me permet de croquer des scènes de vie à Ouaga et lors de mes voyages, tout en créant une proximité avec les gens », explique-t-il. À travers cette approche, El Marto s’inscrit dans une tradition de street art où l’artiste est en dialogue direct avec le public.

Un engagement social au-delà de l’art

Outre ses créations murales, El Marto a collaboré avec Médecins Sans Frontières (MSF) pour réaliser un reportage en bande dessinée à Kaya, au Burkina Faso, une expérience profondément nourrissante pour l’artiste. Ce type de collaboration, où l’art devient un outil de sensibilisation et de transmission, montre que le travail d’El Marto dépasse largement le cadre esthétique pour s’inscrire dans un engagement social.

Aujourd’hui, El Marto rêve d’une Afrique plus unie, où les artistes et leurs œuvres pourraient circuler librement à travers les frontières. « Le plus grand défi, c’est de s’unir », dit-il avec conviction.

En attendant, il continue d’inspirer par son travail, tant sur le continent qu’à l’international. Son passage récent au festival de bande dessinée à Lucerne, en Suisse, a confirmé l’engouement pour son art et la soif d’apprendre sur le Burkina Faso, où il vit. Grâce à son talent, El Marto participe activement à une redéfinition de la perception de l’art africain contemporain, tout en restant profondément attaché à ses racines.

Pour El Marto, être artiste, c’est avant tout « s’amuser, expérimenter et aimer ce que l’on fait ».

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Commentaires

Alice
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Quel bel article! Bravo
Les œuvres de l'artiste sont incroyables. Il façonne tellement bien tradition et modernité.